A Calais, un lieu de vie aménagé dans un ancien presbytère accueille des personnes exilées.
Ouverte en octobre 2022 après des travaux de réhabilitation financés en partie par l'association Ecarts et avec la participation du diocèse d'Arras, la maison Margelle met à l'abri majoritairement les hommes seuls, parfois des familles, leur permettant ainsi de trouver un espace de repos et de réfléchir à leur projet tout en sortant de l'isolement. Lieu d'échange et de partage, bénévoles et personnes exilées vivent ensemble où chacun contribue à la tenue de la maison.
Gérée par l'association Ubuntu, La Margelle fait partie de Toiles, le réseau des maisons accueillantes qui dénombre aujourd'hui environ vingt lieux d'accueil en France.
Calais, Juin 2023 - en cours.
Sami Ibrahim et Ahmad Yusuf, originaires du Soudan sont décédés à Calais en mai et juin dernier pendant leur route vers un avenir meilleur. Leurs familles et amis ont pu trouver à la maison Margelle, un temps de réunion et de commémoration.
Ce travail leurs est dédié.
La vie dans la maison est rythmée par des moments collectifs et des activités. Ces temps ensemble contribuent à établir et maintenir un lien entre les personnes, à créer des repères.
Zacharia a 19 ans. Il est originaire de Juba au Soudan du sud. Il est arrivé en France alors qu'il était encore mineur.
Muhammad est iranien, il a choisi de fuir la répression du gouvernement dans son pays.
Bahaaeddin Dali, 33 ans vient de Qunitra en Syrie.
Il était étudiant lorsque la guerre en Syrie a éclaté puis soldat au début du conflit dans les forces gouvernementales, victime dit-il de la désinformation et de l'endoctrinement par les médias pro-régime, jusqu’à ce qu’il se rende compte de la réalité. Il s'enfuit au Liban après avoir déserté l’armée puis revient illégalement en Syrie. Il reste jusqu'en 2018 dans des zones dites zones rebelles, notamment à Idlib où plusieurs membres de sa famille meurent dans les bombardements.
La fuite définitive de son pays natal l'emmène en Turquie où il vit pendant cinq ans en subissant le racisme anti-syrien et anti-réfugié. Arrivé à Calais il y a un mois pour prendre le temps de réfléchir à la suite de son parcours en bénéficiant également d'un accompagnement psychologique, Bahaaeddin dit avoir trouvé à la maison Margelle un lieu où il se sent de nouveau considéré comme un être humain.
Muhammad Ali a 23 ans. Il vient de Khartoum, la capitale soudanaise qu'il a quitté en 2019. Il est arrivé à Calais il y a un mois après un long voyage par le Mali et la Lybie.
Adam Muhammad, 27 ans est originaire de Nyala au Darfour. Il a fui la guerre il y a un an, via le Tchad, le Niger puis l'Algérie et le Maroc. Il accède à l'Europe par l'Espagne où sa demande d'asile est confrontée aux accords de Dublin.
Nommés Dublin III, les accords délèguent la responsabilité de l'examen de la demande d'asile d'une personne exilée au premier pays européen où cette même personne est arrivée.
La procédure d'examen de la demande d'asile empêche pendant son cours, toute mobilité de la personne exilée vers un autre état européen où elle serait susceptible de déposer une autre demande.
Ne souhaitant pas rester en Espagne, Adam Muhammad se rend illégalement aux Pays-Bas où sa demande d'asile est rejetée. Il décidé alors de venir en France où il a pu effectuer une nouvelle demande, la procédure Dublin étant annulée pour lui grâce à une aide juridique. Il est arrivé à Calais en avril et a vécu deux mois dans un camp informel avec la communauté soudanaise. Il souhaite rester en France et commence à apprendre le français.